Quand on parle d’évolution, de progrès et de changements en général, il y a une certitude qui revient sans cesse : ce sont souvent les mentalités qui sont les plus difficiles à faire évoluer. De ces mentalités, subsistent des habitudes et de ces habitudes, nous en tirons un certain confort.
Oui, l’on pourra longtemps regretter le charme, presque bucolique, du vendeur de lait qui effectuait sa tournée, du vendeur de journaux qui faisait tout pour se faire entendre, des calèches qui déambulaient sur les pavés de la ville, de l’allumeur de lanternes à gaz ou encore du livreur de cubes de glace.
Ils ont tous, à un moment ou à un autre, été essentiels dans nos vies. Pourtant, même si les calèches font encore le charme du Vieux-Montréal, par exemple, nous avons dû nous faire une raison : il est temps de passer à autre chose. Parce que c’est la vie, parce que c’est l’évolution humaine.
Mais plus encore que les mentalités, le corporatisme syndical, lui, reste toujours le plus hermétique à toute forme d’évolution, voire même à toute forme de discussion ou de débat, qui n’irait pas dans le sens souhaité.
Postes Canada fait partie des grandes institutions canadiennes. À une époque où l’on communiquait beaucoup par courrier, avoir un service pouvant faire parvenir un message à l’autre bout d’un pays, ce n’était pas un luxe, c’était une nécessité. Payer nos comptes, donner des nouvelles à la famille, commander un produit, garder contact avec des amis ou des connaissances… Poste Canada était un incontournable.
Nous ne communiquons plus comme avant
Mais voilà, on peut le regretter ou pas, reste que la réalité à finit par rattraper cette vieille structure fédérale : à l’heure de l’internet, des réseaux sociaux et des SMS, Postes Canada est passé de nécessité… à futilité, tout comme, jadis, la compagnie de télégraphe « Montreal Telegraph Co. ».
Nos comptes, quand ils ne sont pas payés par prélèvements automatiques, ils le sont par transaction internet. Nos messages, ils sont devenus instantanés. Envoyer des photos du petit dernier à la famille depuis l’étranger, avoir une conversation via Skype, même avec les grands-parents, commander un billet d’avion, un sofa, un ordinateur, ou simplement acheter sa musique, tout se fait désormais en ligne. Aujourd’hui, pour communiquer, c’est d’électricité et de réseaux LTE que nous avons besoin, pas de Postes Canada !
Pis ici, soyons clairs, personne ne parle de « supprimer » Postes Canada. Mais la question se pose : a t-on vraiment besoin d’un service, quotidien, quand il s’agit de déposer dans nos boîtes, des pamphlets publicitaires ? A t-on réellement besoin de dépenser des milliards, pour maintenir, artificiellement, un service qui n’en est plus vraiment un ?
C’est une évidence. Une évidence pour tout le monde… alors pourquoi tant de blocage ?

Ça ne ferait pas tant sourire si ce n’était pas à ce point vrai. (Source : Bloglaurel.com)
Les habitudes ? Oui, peut-être. Ouvrir notre boîte et y découvrir une lettre, peut paraître jouissif pour certains. Il y a quelques années, cela permettait d’y trouver nos comptes à payer, mais ce n’est même plus le cas aujourd’hui, où les PDF ont remplacé ces tonnes de papier qui, de toute façon, finissaient un jour ou l’autre au recyclage.
L’anachronisme syndical
Non, il y a plus gros comme frein à l’évolution : le syndicalisme. Parce que si l’on parle de réduire les services de Postes Canada, on parle donc aussi de réduire ses effectifs. Plus de boîtes collectives, donc moins de facteurs. Donc moins de cotisations obligatoires, qui entrent dans les caisses de ces mastodontes multi-millionaires.
Ce n’est évidemment pas l’argument que l’on va faire ressortir. Non. On va plutôt parler de cette grand-mère qui aime jaser avec son facteur, de cette « proximité » entre la population et la structure fédérale, de ces trajets que l’on devra faire pour aller voir sa boîte…
Franchement. Déjà, ces fameuses boîtes collectives existent déjà et personne n’en est mort. Ensuite, nous en avons tous fait l’expérience, même après quelques jours d’absence, on jette beaucoup plus de contenu publicitaire que de lettres vraiment utiles… d’ailleurs, en 2014, les revenus de Postes Canada pour la distribution de contenu publicitaire, avoisinait les 300 millions de dollars. Des publicités diffusées par un organisme gouvernemental, personnellement, j’ai toujours trouvé ça très discutable.

Les boîtes communautaires sont là depuis déjà bien longtemps.
Et puis pour en avoir déjà fait les frais à plusieurs reprises, il arrive même que le facteur ne daigne même plus sonner à votre porte pour un colis, préférant juste vous laisser un avis de passage. Alors ne me parlez pas de « service », parce que dans ce genre de cas, les entreprises privées de messageries sont, et de très loin, beaucoup plus efficaces et, justement, beaucoup plus serviables que Postes Canada, qui nous coûte une fortune pour nous distribuer des circulaires de Brault & Martineau !
À l’heure où déjà une bonne trentaine de pays ont réformé, libéralisé, voire même privatisé leurs services postaux, il serait absurde de vouloir maintenir Postes Canada sous respirateur artificiel, juste pour contenter les vieilles structures syndicales.
Pour le reste, et comme cela a déjà été le cas dans toute l’évolution de l’espèce humaine : nous nous adapterons, quitte à « inventer » de nouveaux services afin de satisfaire tout le monde… mais cela viendra d’initiatives privées, pas du gouvernement.