Moi aussi, j’aurai bien pris une bière avec “Jack”… surtout en regardant un match du Canadien ! Il avait l’air (et, sans doute, il l’était réellement), sympathique. Malgré nos grandes divergences politiques, je suis aussi capable d’admettre que Jack Layton était quelqu’un de sincère et de fidèle aux idées qu’il défendait.
[media-credit name=”Presse Canadienne” align=”alignnone” width=”580″][/media-credit]Mais sa plus grande qualité je pense, et certains en ont d’ailleurs fait mention (comme Éric Duhaime), c’est qu’il respectait ses adversaires et, surtout, était capable de les comprendre, tout en restant déterminé mais aussi, constructif et prodigieusement… positif ! La grande différence avec les chefs de Québec Solidaire, par exemple, qui ne font que propager une certaine haine vis-à-vis de tout ce qui est différent d’eux (c’est-à-dire pas mal de monde), s’opposant à tout et chialant sur tout. Pourtant, le fossé idéologique qui sépare Québec Solidaire du NPD, équivaut souvent à l’épaisseur d’un papier à cigarettes et ce n’est pas la chef interimaire du NPD qui me contredira !
Optimisme et charisme
Jack était donc un optimiste né. Quelqu’un qui ne cherchait pas la chicane, bien au contraire et qui faisait de la politique par passion. Je ne m’en cacherais pas, j’avais autant de respect pour lui, que nos idées pouvaient être différentes.
Jack Layton a eu également le mérite de redresser le NPD. À lui seul, il a porté les néo-démocrates jusqu’au seuil du pouvoir, tout en incarnant un certain renouveau politique. Cette réussite est d’autant plus étonnante, que le NPD a l’âge d’un baby-boomer, c’est-à-dire qu’il est loin de mériter l’attribut de “Nouveau”, après plus de cinquante années d’existence. Mais Layton a réussit. Il a su créer un certain espoir, juste en affirmant sa personnalité et son charisme.
On se souviendra aussi du dernier débat des chefs en langue française, dans lequel Jack Layton a si bien mis en boîte l’arrogant Gilles Duceppe, sans même montrer le moindre signe d’agressivité. C’était un pur délice à voir !
Pour cela donc, je voudrais lui rendre hommage.
L’émotion, plus que la raison
Mais il faudrait aussi savoir garder la tête froide. Au Québec, nous restons de grands émotifs. Alors, que cela soit pour une mauvaise mise-en-échec au hockey, une tempête hivernale ou encore le prix de la bière au dépanneur, nos émotions prennent souvent le pas sur notre raison et la disparition de Jack Layton, aussi triste soit-elle, n’y fait pas exception.
Jack Layton, et il le dirait sans doute lui-même, était un être humain. Il avait donc aussi ses défauts. Les hommages sont une chose, il est tout à fait normal de pleurer un disparu, mais c’est l’exagération dans les superlatifs qui devient, parfois, gênante. Tout comme Richard Martineau, je me demande si l’on est pas en train de faire de Layton… un saint !
“Qui va nous défendre contre Harper maintenant ?”, pouvait-on entendre sur les ondes de la télévision d’état. Comme si Layton, face à un gouvernement conservateur majoritaire, aurait pu bloquer les lois au parlement ! “Qui va défendre le Québec ?”… comme si Layton représentait un nouvel espoir pour le Québec souverain ou, du moins, pour un Québec plus “autonome”.
L’inculture politique de certaines personnes est parfois surprenante, ce qui explique d’ailleurs, sans doute en partie, les résultats des dernières élections.
Centralisateur et socialiste
Jack Layton, tout comme son parti, était un farouche centralisateur. Certes, il était aussi intelligent et a toujours bien pris soin d’éviter le sujet, surtout au Québec, mais dans son esprit, le pouvoir devait être centralisé à une seule place : Ottawa. L’autonomie des provinces, il en a toujours été hors de question au NPD.
Ensuite, on pourrait se poser une seule question : est-ce défendre le Québec que d’y présenter des candidats unilingues anglophones, qui ne résident même pas dans leur circonscription et qui, pour certains d’entre-eux, ne veulent même pas y mettre les pieds malgré le fait qu’ils y ont été élus ? Sacré respect pour les électeurs du Québec, vous ne trouvez pas ? Loin de défendre le Québec, le NPD semble récupérer les “restants” de candidats : “une photo, une pancarte, un poteau, cela devrait suffire aux électeurs du Québec !”
Puis le NPD, faudrait aussi le comprendre une bonne fois pour toute, ce sont aussi des idées rétrogrades. Souvenez-vous ainsi que l’Ontario, sous la gouverne du NPD, était arrivé au bord du gouffre suite à la mise en place de politiques délirantes et totalement irresponsables. Les Ontariens ont d’ailleurs assez vite montré la porte au NPD, que cela soit lors des élections provinciales ou… fédérales.
Je concède que Jack Layton a su recentrer (un peu) son parti, mais il ne faut pas oublier non-plus que ce recentrage ne convenait pas à tout le monde et qu’il a remporté son élection à la chefferie, que par un peu plus de 53% des voix. En clair, Jack Layton semblait être plus apprécié par la population canadienne, que par les membres de son propre parti.
Encore largement inféodé aux syndicats, tout en ayant une base plus à gauche que son chef disparu, le NPD reste un parti très dogmatique et socialisant. Bien des membres du NPD étaient prêts à mettre leurs idées de côté, sachant que Layton parvenait à remonter le parti. Mais est-ce qu’ils auront encore cette patience et ce pragmatisme, lorsque le nouveau chef sera nommé et que le NPD connaîtra ses premières difficultés ?
Oui donc, Jack Layton était un grand politicien et il mérite la plupart des hommages qu’on lui porte. Malgré tout, Harper ne mangera toujours pas les petits enfants à son déjeuner et ne fera pas disparaître le Québec pour autant ! Layton ou pas, essayons d’éviter de sombrer dans la bêtise et l’irrationalité, malgré le fait que cela ferait bien plaisir à quelques-uns.