La démocratie va mal. Non pas qu’un coup d’état se prépare ou que nos libertés soient en danger, mais plutôt que l’exercice démocratique soit de moins en moins pratiqué au pays, mais aussi dans la plupart de nos démocraties. Lors des précédentes élections, l’abstention a ainsi atteint un nouveau record et seulement 58% des Canadiens se sont déplacés vers les urnes.
Les démocrates, les vrais, devraient donc toujours se réjouir de voir que le débat démocratique s’active, suscite de l’intérêt, mais surtout, que cela se fasse au travers d’un véritable pluralisme. Car la démocratie sans débat, sans confrontation d’idées, ce n’est plus de la démocratie.
Malheureusement, ce n’est pas ce que semble penser Bernard Drainville, député péquiste de Marie-Victorin. Cet après-midi sur son compte Twitter, l’ancien journaliste de Radio-Canada, a manifestement perdu le contrôle de son intelligence :
Ce message fût très largement “retweeté” (rediffusé), tellement les propos semblaient surréalistes et choquants : “Qu’on soit de gauche, de droite, de (sic!) centre, si on est Québécois d’abord (re-sic!) il faut voter Bloc Québécois !“.
Québécois d’abord !
Je ne perdrai pas trop de temps sur les libertés que prend Bernard Drainville avec la langue française, quoique sommes-nous “Québécois d’abord” ou “Québécois ensuite”. Curieusement, mais ça doit être une coïncidence, cela me rappelle le slogan du Front National des années 80 : “Les Français d’abord !”… ou encore voulait-il dire “Québécois (virgule) d’abord il faut voter Bloc” ? Là est la question ! Au lieu de savoir si les CÉGEP en français doivent être ou non obligatoires, le Parti Québécois devrait, enfin, s’intéresser à la qualité de notre langue. Bernard Drainville en est un exemple patent !
Vers un parti-unique au Québec ?
Mais s’il n’y avait que la forme ! Le message de Bernard Drainville, sur le fond, pose un véritable problème et montre toute l’étendue de la panique qui s’empare de la gauche souveraniste. Ainsi, selon Bernard Drainville, si l’on est Québécois on DOIT voter pour le Bloc, excluant donc tous les autres partis politiques. C’est la négation même de la démocratie.
Le sous-entendu est assez évident : le Bloc Québécois est le parti-unique des Québécois. Point final. Bref, nous voilà rendus au même niveau que le parti Baas de Bachar el-Assad en Syrie… car “si on est Syrien d’abord il faut voter pour le parti Baas !”, dirait le “Bernard Drainville” de Damas.
Mais cela pose un problème. Si, pour être Québécois, il faut voter pour le Bloc, que doit-on faire de cette majorité de… (ah ben ! du coup je ne sais plus bien comment les nommer !) … que doit-on faire, je disais donc, des “Pu-vraiment-Québécois”, qui n’ont PAS voté pour le Bloc en 2008 ? Ils était 62% tout de même aux dernières élections, vont-ils être déportés en Ontario ? Rassemblés au Stade Olympique puis fusillés ? Va t-on prévoir des camps de rééducation politique ? Ou leur donner un aller simple vers la Floride ? Je ne sais pas…
Progressistes… ou pas !
L’autre problème, c’est que Bernard Drainville invitait également les gens de droite à voter pour le Bloc. J’avoue que celle-ci m’a fait beaucoup rire. Après tout le mal que c’est donné Ti-Gilles et son parti pour se débarrasser des conservateurs du Bloc (et je m’inclus là-dedans). Après avoir dit, sur toutes les tribunes, que le Bloc était un parti progressiste, voici qu’il invite la méchante droite à voter pour eux !
C’est vrai qu’on peut dire qu’il faut faire preuve d’un certain masochisme, pour rester souverainiste lorsqu’on est de droite, mais il y a des limites ! Se faire cracher dessus durant des années, voir le Bloc se transformer en sénat de la CSN, abandonner le discours souverainiste, au profit d’une haine parfois disproportionnée envers les conservateurs, s’allier avec le père de la clarté référendaire et le parti de Trudeau, pour ensuite, nous demander de voter pour eux, c’est vraiment nous prendre pour des imbéciles !
Là, le Bloc et la go-gauche souverainiste nous font la morale et donnent des leçons de démocratie à tout le monde. Les conservateurs sont un danger pour la démocratie, selon le Bloc, mais le péquiste Bernard Drainville en appelle au “parti-unique” des Québécois, son homologue de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, affirmait que voter conservateur était un signe de maladie, tandis qu’un député du Bloc, Yvon Lévesque, s’en prenait même aux origines ethniques du candidat NPD d’Abitibi-Baie James-Nunavik-Eeyou !
Mais non… ce sont encore et toujours eux qui donnent des leçons de démocratie ! Ce que je vois ici, c’est juste de l’usure, des propos rétrogrades, de la frustration et un sentiment de panique très palpabe.