“If they bring a knife to the fight, we bring a gun” (littéralement : “S’ils prennent un couteau pour aller au combat, nous prendrons une arme”). Cette phrase n’est pas de Sarah Palin, ni même d’un membre surexcité du mouvement du Tea-Party… ce n’est même pas une citation du fanatique tueur Jared Lee Loughner. Non ! Cette phrase, c’est celle de Barack Obama, alors candidat au poste de président des États-Unis, prononcée en juin 2008 à Philadelphie (lire l’article du WSJ).
Oui, pour Barack Obama, la risposte risquait d’être démesurée et violente, face à ses adversaires républicains. Mais pourtant, lorsque la presse bien-pensante parle de discours “haineux”, ce n’est jamais vers le camp des démocrates qu’elle se tourne.
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Étrange… Étrange de voir que, quelques petites heures seulement après le drame, des journalistes, sans doute des experts de haut-vol en matière de profilage psychologique et criminel, ont rapidement su ce qu’il se passait dans la tête du tueur de Tucson. C’est le discours de haine (sous-entendu le discours de la droite) qui serait, au moins en partie, responsable du comportement de Jared Lee Loughner.
Qu’importe qu’il lisait le “Manifeste du Parti Communiste” de Marx. Qu’importe si ses camarades de classe le considérait comme un activiste gauchiste (lire le Phoenix NewTimes), les Richard Hétu et Patrick Lagacé de ce monde, ne parleront que du Tea-Party et des républicains. Pour ces curés de la rectitude politique, la droite reste le mal, la gauche ne pouvant certainement pas être assimilée à un discours de haine. Et pourtant…
Et pourtant, nul besoin de se rendre bien loin pour constater que la violence, contrairement à ce que pensent certains, ne fait pas de distinction politique. Aurait-on déjà oublié les victimes du FLQ, évaluées à huit morts et plusieurs dizaines de blessés ? Tant qu’a faire, quel était le profil politique de Lépine, le tueur de Polytechnique ? Ou de celui de Kimveer Gill, de la fusillade à Dawson ? Qu’aurait été le discours des journalistes et autres bien-pensants, si l’on avait trouvé des documents du Parti Conservateur ou de l’ADQ chez eux ?
Du côté des États-Unis, Barry Seltzer, un démocrate, avait tenté d’écraser Katherine Harris, représentante républicaine au Congrés, en 2004. Était-ce suite à un discours haineux du parti démocrate ?
Mieux encore : Bob Etheridge, représentant démocrate au Congrés, agresse un collégien qui lui pose une question, sur la politique de Barack Obama. Même si l’on se doute bien que ces collégiens ont un parti pris, est-ce une façon de s’en prendre à des opposants ?
Il y aurait également l’exemple de John Warnock Hinckley Jr., qui tenta d’assassiner le président Reagan en 1981. Certes, nous pouvons difficilement rattacher ce drame avec la politique, mais un malade, reste un malade. Qu’il soit de gauche ou de droite.
Les fameuses “cibles”
On en a beaucoup parlé de ces fameuses “cibles”, retrouvées sur la page Facebook de Sarah Palin. Des “cibles”, en fait, des “mires” pour être plus précis, qui symbolisaient autant d’objectifs de conquête pour les élections.
Cette carte fait parler. En fait, elle fait surtout parler les journalistes et la gauche. Parce que s’ils voulaient vraiment être honnêtes et objectifs, ils parleraient également de cette carte :
Ne vous inquiétez pas, vu que cette carte vient des démocrates, personne n’en parlera… ou, en tous cas, personne n’y verra des cibles, mais plutôt, d’harmonieux petits cercles multicolores pacifiques.
Notez tout de même le vocabulaire : “Targeting Strategy” et le “Behind enemy lines”. Rien de violent et haineux n’est-ce pas ? Et pour finir, Thaddeus McCotter, “cible” de choix des démocrates… mais ils veulent certainement parler de cible pour une avalanche de bisous. Cela va de soi !
Le drame de Tucson est épouvantable. Je ne cherche absolument pas à minimiser l’événement qui a secoué le monde et provoqué la profonde douleur des proches des victimes. C’est d’ailleurs aussi pour cette raison, que je suis révolté de voir toutes ces basses tentatives de récupération politique, de toute cette accumulation de pseudo-théories de politique-fiction.
Jared Lee Loughner est un malade, un dangereux criminel. Le reste, ce sont des prétextes, des histoires qu’il se racontait entre la lecture de Marx et de Hitler. Si cela n’avait pas été un motif politique, d’autres prêcheurs de groupes de pression, auraient sans doute mis cela sur le dos des jeux vidéos, ou de la violence à la télévision.
Jared Lee Loughner n’a donc rien d’un criminel politique, il s’agit juste d’un déséquilibré. Qu’il soit de droite ou de gauche.
Note : Merci à Jean-François Plante et Dominic Maurais qui nous abreuvent, sur leur compte Facebook, de plusieurs sources citées dans cet article.
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3 Comments
Marie T.
Un autre point de vu… rafraîchissant!
Mario Legault
Effectivement, ça change du discours habituel!
Les Démocrates attendaient de trouver une façon de rebondir. Après leur cuisante défaite en novembre, il fallait reprendre l’initiative et le lead. Ils ont maintenant l’opportunité de se mettre sur l’avant-scène et, de plus, de donner un bon coup dans les côtes de leurs principaux adversaires. Pourquoi s’en priver?
C’est une tuerie, ça aurait été une attaque terroriste ou un drame écologique, la presse de gauche aurait sorti l’artillerie lourde pour trouver le moindre prétexte pour rejeter la responsabilité sur le GOP.
Comme tu l’écris, ce gars était connu pour être plutôt de gauche. Alors?
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