Tout a commencé par un « banal » braquage, celui du casino de la station thermale d’Uriage-les-Bains dans le département de l’Isère, au sud-est de Grenoble. Dans la nuit du 15 au 16 juillet dernier, deux hommes entrent dans le casino, armés d’un fusil d’assaut et d’un pistolet mitrailleur, alors que l’établissement est encore bondé. Ils emportent avec eux le contenu des caisses et c’est alors que débute une course-poursuite avec la gendarmerie et la police.
Un peu plus tard, c’est au tour de la BAC (Brigade anti-criminalité) de prendre le relais, tandis que les deux malfaiteurs prennent pour cible les forces de police. Un des policiers fût d’ailleurs blessé durant la fusillade.
Abandonnant leur voiture ainsi que le butin, les deux individus continuent à fuir, cette fois à pied, tout en continuant à diriger leurs tirs d’armes automatiques vers les membres de la BAC. C’est alors que l’un des deux braqueurs, Karim Boudouda, 27 ans, est abattu par la police. Son complice parviendra néanmoins à prendre la fuite.
Un fait-divers qui vire au surréalisme
Cela aurait pu, cela aurait dû en finir là. Des malfaiteurs volent un casino, prennent la fuite, tirent sur des policiers, ceux-ci ripostent et abattent l’un des deux voleurs… c’est un drame comme il s’en vit d’autres à travers le monde. Il n’y a malheureusement pas de quoi déborder de la rubrique des « faits divers ». Et pourtant…
Et pourtant, en France, dès qu’il s’agit de la mort d’un individu issu d’une minorité, ça se complique toujours. Ainsi, il n’aura fallu que quelques heures pour que la tension monte d’un cran, dans le quartier populaire de Villeneuve à Grenoble, d’où sont issus les deux malfaiteurs. S’en sont suivi plusieurs nuits de violences et d’affrontements entre des bandes de jeunes et les forces de l’ordre.
Des dizaines de voitures et plusieurs commerces ont alors été incendiés (50 à 60 véhicules dans une seule nuit), des boutiques mis à sac, du mobilier urbain vandalisé… des policiers ont même dû essuyer des tirs d’armes à feu et ce, à plusieurs reprises !
D’après certaines informations qui auraient filtré dans les médias français, les affrontements se seraient produits, suite à une prière récitée par un imam, dans un parc du quartier.
La mère du malfaiteur s’en mêle
Le 18 juillet, Saliya Boudouda, mère du malfaiteur abattu deux jours auparavant, annonce à l’AFP son intention de porter plainte contre la police. « Ils ont déconné, les flics, ils ont déconné. Je vais voir le procureur et je vais porter plainte. Ça va aller très loin », affirme la mère de Karim Boudouda à l’Agence France Presse. Trois jours plus tard, c’est au tour de la compagne de Karim Boudouda de porter plainte, afin d’éclaircir, selon elle, les circonstances de la mort du braqueur.
Pourtant, assez rapidement il fût établi que les policiers se trouvaient dans une situation de légitime-défense. Lors de cette poursuite mortelle, c’est à plusieurs reprises que les malfaiteurs ont fait usage de leurs armes, afin de couvrir leur fuite.
Et ces accusations des proches de la victime, malgré les appels au calme, n’arrangent pas les choses. Le 18 juillet au soir, deux coups de feu sont tirés en direction d’un véhicule de la Brigade anti-criminalité à Grenoble. Pas de victime, mais la tension est encore palpable et les solutions viennent à manquer pour le ministre de l’intérieur français, Brice Hortefeux. Le lendemain, il envoi de nouveaux renforts policiers, dont des unités d’élite du Raid et du GIPN (équivalant du SWAT).
Le 20 juillet, les médias rapportent que des inscriptions et des graffitis haineux, sont retrouvés dans le quartier de Villeneuve. « Un bon flic, c’est un flic mort », « un flic = une balle », peut-on retrouver, entre-autres inscriptions, sur des bâtiments de la police municipale et sur des murs d’écoles.
C’est le 26 juillet que la situation semble prendre un tour, pour le moins, surréaliste. On annonce suite à des renseignements et à des écoutes téléphoniques, que des « contrats » sont mis sur la tête de certains policiers de la BAC. Oui, vous avez bien lu, la tête de policiers sont mis à prix ! La menace est d’ailleurs tellement prise au sérieux par les autorités, que ces policiers et leurs familles se retrouvent désormais sous protection.
Pire encore. Sur les 45 policiers de la Brigade anti-criminalité de Grenoble, la plupart ont été mis « au repos » et certains même ont été mutés dans une autre ville. Les agents de la BAC, étant remplacés par des hommes des unités d’élite de la police nationale.
Message SMS d’un malaise grandissant
Il en faudrait moins, pour qu’un certain malaise s’empare des forces de l’ordre. Et ce malaise a pris, ces derniers jours, la forme d’un SMS qui circule actuellement sur les cellulaires des policiers français : « Les effectifs BAC-Grenoble ont été mis en repos de force par le préfet et obligés de quitter la région avec femmes et enfants. La BAC étant impliquée dans la mort du braqueur, les bruits courent que ses amis ne vengeront sa mort que par la mort d’un BACman au lance-roquettes si nécessaire. Comme l’État n’est pas capable d’assurer la protection de ses fonctionnaires, il organise leur fuite. Ne prenez plus de risques pour un État qui ne peut garantir la sécurité des premiers de ses défenseurs. Faites passer. »
Ce message au ton défaitiste, dénonce également une certaine capitulation des autorités. Car loin d’une formule, utilisée dans les années 80 par un ancien ministre de l’intérieur qui se proposait de « terroriser les terroristes », il se trouve, aujourd’hui en 2010, que l’état français se laisse désormais terroriser par les truands.
Ne parlons pas du signal ainsi envoyé à tous les voyous de France par le ministère de l’intérieur ! Ils savent, désormais, de quelle façon ils peuvent atteindre le talon d’Achille de la république.
Et la menace est bien réelle ! Le 28 juillet, la police de Grenoble a découvert une cache d’armes de guerre et de munitions, lors d’une perquisition, décidée suite aux différents tirs à balles réelles sur les policiers. De plus, diverses informations parlent d’un lance-roquettes, qui serait actuellement en circulation dans le quartier. Mais rien n’est encore officiellement confirmé.
Karim Boudouda, déjà condamné trois fois aux assises pour vol à main armée, qui venait donc de commettre sa quatrième agression violente (connue), tirant sur les policiers lancés à sa poursuite, passe donc pour la « victime » dans cette affaire ? Qu’aurait-il donc fallu ? Que la police escorte les deux braqueurs jusqu’à chez eux afin qu’à aucun moment ils risquent leur vie, ou que la police les laisse voler et terroriser leurs victimes tranquillement ?
De la même manière qu’il existe des risques lorsque l’on pratique la profession de policier, il en existe également, lorsque l’on devient un criminel et que l’on met en danger la vie d’autruit, en tirant avec des armes automatiques en leur direction. C’est une simple question de bon-sens ! Mais en France, dans certains quartiers, le « bon-sens » a laissé place à la loi de la jungle : les meutes s’en prennent maintenant à ceux, quelques qu’ils soient, qui ont osé s’en prendre à l’un des leurs… Qu’importe la loi des hommes, qu’importe la simple morale, c’est l’esprit tribal qui l’emporte contre la raison et le droit.
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Mario Legault
Demain, au Québec?