Ah ! Je sais ! … Ne me le dites surtout pas : je m’attaque à une icône et qui plus est, à une icône… morte ! Oui, parce que d’habitude il faut justement trépasser pour devenir une idole. Car comme le disait l’excellent dialogiste français, Michel Audiard : “L’idéal quand on veut être admiré, c’est d’être mort”.
Mais pas Ted ! Non. Ted était précoce. Déjà, il portait un nom emblématique, ça aide. Ensuite, c’était le dernier du clan. Puis vous le savez comme moi, dès qu’une espèce est en voie de disparition, y’en a toujours pour leur vouer un culte frénétique, sans même y réfléchir.
Ted aurait pu être président. Enfin, ce n’est pas moi qui le dit, vous vous en doutez bien, hein ? Bref, Ted était “prédestiné” à la présidence. Là où John y est resté et où Robert n’a même pas eu le temps de s’essayer.
Mais Ted est un vilain garnement.
Un jour de juillet 1969, notre bon-vieux Ted, complètement ivre, prend le volant de sa Oldsmobile Delta 88, en compagnie de sa maîtresse, Mary Jo Kopechne, dans le coin de Chappaquiddick, à quelques encablures du domaine des Kennedy. N’ayant pas le moindre sens des réalités, confondant la route avec la rivière, Ted décide de mettre à l’épreuve l’étanchéité de sa rutilante voiture.
Hormis le fait que l’expérience n’est pas bien concluante, sa maîtresse y laisse sa peau, emprisonnée dans ce qui devenait désormais, son sarcophage aquatique.
Mais notre bon Ted qui, manifestement, avait un instinct de survie un peu plus aiguisé que celui de sa passagère, parvint à s’en sortir sans trop de mal. Sans doute heureux d’être encore en vie, il rejoigna les convives de la soirée au domaine familial. Mais vous savez ce que c’est ces gigantesques domaines, on n’arrive jamais à trouver un téléphone. Les enfants appellent les amis, les invités un taxi pour rentrer chez eux… Puis avec tout ce monde, les conseillers, les convives, on finit par oublier l’essentiel.
Bref, ni la police, ni les secours furent contactés par Oncle Ted et son entourage.
Le lendemain matin, ce sont des pêcheurs qui signalèrent la présence de la voiture aux autorités. Le corps de Mary Jo Kopechne et la fameuse Oldsmobile, furent alors sortis de la rivière par les sauveteurs.
Après avoir identifié le propriétaire du véhicule, la police alla enfin interroger Ted qui reconnu les faits, non sans jurer les grands Dieux qu’il n’avait pas du tout fuit les lieux de l’accident, mais qu’il était, au contraire, parti chercher de l’aide auprès de ses conseillers à la demeure familiale.
Évidemment, après toutes ces heures passées, il fût difficile de démontrer légalement que Ted conduisait complètement saoul. Tant qu’à y être, il trouva même le moyen de dire, qu’il avait tout tenté afin de sauver sa passagère. Un peu plus et on pouvait parler d’acte héroïque !
Deux jours après l’accident, un certain Neil Amstrong décidait de tester la gravité lunaire, effectuant quelques bonds sur notre satellite naturel. Par chance, même le pas d’un humain sur la Lune ne fît pas oublier le scandale de Chappaquiddick et Ted fût condamné à… deux mois de prison… avec sursis ! Faut quand même que ça serve à quelque chose de s’appeller Kennedy, non ?
Dix années passent, mais notre cher Ted continue de faire comme après son accident : c’est-à-dire comme si de rien n’était. Ainsi, il se présente contre Jimmy Carter, durant les primaires démocrates de 1980. Là, il y a bien quelques fines bouches qui “osent” lui rappeler que son passé n’est pas ben ben clair, ce qui le conduit à renoncer à l’élection.
En 1983, Ted tend des perches vers le pire ennemi du Monde Libre : les Soviétiques (je vous rappele qu’on est en pleine Guerre Froide). Ainsi, le sénateur démocrate, fait tout son possible afin de faire échouer les négociations, en vue des accords de désarmements entre les deux puissances. Ted Kennedy poussera même l’audace, jusqu’à prévoir du temps d’antenne à la télévision étasunienne, pour le premier secrétaire du parti communiste soviétique de l’époque : Youri Andropov.
Son but était de prendre Ronald Reagan de revers, faire échouer les négociations de paix et ensuite remporter l’élection présidentielle de 1984. De là, il aurait été facile pour le petit Ted, de parapher les accords de paix avec son bon chum Youri, passant donc par la même occasion pour un héros… Là encore, ça ressemble à la soit-disante tentative de sauvetage de sa maîtresse du 18 juillet 1969.
Mais une fois de plus, tout ce stratagème se soldera par un échec. Reagan signera les premiers accords de désarmement avec les soviétiques et fût réélu président des États-Unis…
Il aurait pu être condamné pour homicide involontaire, conduite avec les facultés affaiblies et délit de fuite. On lui tapera juste sur le bout des doigts, avec une peine en sursis.
Il aurait pu être traduit en justice pour haute-trahison, pour avoir comploté avec l’ennemi et avoir tenté de faire échec à des négociations de paix, mais il n’en fût rien.
Ce brave Ted ne fit jamais de prison et passe aujourd’hui pour un Saint ! Ce cher Ted, ce grand progressiste, tellement proche du peuple ! Dont sa famille a tiré ses milliards de manière plus que douteuse, ayant fricoté avec la mafia durant plusieurs décennies. Loin de s’en écarter, bien au contraire, Ted Kennedy en a largement profité.
C’est tellement facile de se sentir proche de la plèbe, lorsqu’on se tient au sommet de la pyramide ! C’est tellement facile de demander à la classe moyenne de payer encore un peu plus d’impôts, lorsqu’on n’a pas à lever le petit doigt pour bien vivre et manger à sa faim.
Mais tout ça est oublié. Et les médias se servent avantageusement bien de cette amnèsie collective, en élevant des statues à l’effigie de Ted Kennedy. À peine si l’on a le droit de critiquer, ne serait-ce que du bout des lèvres, cet homme de “grande valeur”.
Comment peut-on être naifs à ce point ? Et lorsque je dis “naifs”, croyez-moi, je suis particulièrement gentil ! Oui, nous sommes de gros naifs ! Voyez un gars avec une face de premier de classe, qui a réussi un minimum, qui parle de “progrès” dans chacun de ses paragraphes, qui se dit “écolo” depuis toujours et qui prône un système de santé gratuit et universel… et bingo ! Ça le rend sympathique, quoiqu’il est fait, quoiqu’il puisse réellement penser et quoiqu’il advienne.
Par contre, tout honnête que vous pourrez être, droit dans vos bottes et loyal, mais qui aurez la fâcheuse tendance à émettre une opinion contraire aux grands-saints de la Médiacratie, vous serez détesté, dénoncé, vilipendé… Vous serez l’individu qui empêche les autres de rêver. Vous serez le fasciste de service, celui qu’on agite comme un épouvantail, à coup de slogans tous plus simplistes les uns que les autres.
Dans le fond, nous ne sommes pas dans le bon camp. On devrait faire comme les autres, comme Oncle Ted : profiter à fond du système, dire à quel point il faut aider le peuple et qu’il est urgent de sauver la planète… mais ne rien faire et surtout, dire que si l’on n’y arrive pas, c’est la faute des autres méchants : ces maudits réactionnaires !
Le seul problème, c’est qu’il faut se regarder tous les jours dans le miroir… Ted en avait la force, mais c’est pas donné à tout le monde. C’est peut-être une question de patronyme vous me direz.
Pour en savoir plus :
- Peter Robinson, “Ted Kennedy’s Soviet Gambit” – (Magazine Forbes, 27 août 2009)
- Claude Reichman, “Edward Kennedy sur la sellette”
- William R. Mann, “SEN Kennedy’s letter to Soviet Premier Yuri Andropov” – (Canada Free Press, 28 août 2009)
- Phil, “Un “lion” qui n’excrète pas de matières fécales” – (Brouilleur d’ondes, 28 août 2009)
- Amaury, “URSS: Le traître Ted Kennedy a comploté avec les soviétiques” – (Sérum de liberté, 30 août 2009)
- Jamie Glazov, “Ted Kennedy and the KGB” – (FrontPage Magazine, 15 mai 2008)