Voici donc que se termine (enfin !), un autre épisode de ce rocambolesque chapitre du Centenaire : George Gillett et la famille Molson, sont arrivés à une entente de principe au sujet de la vente du Canadien de Montréal, du Centre Bell et du groupe de spectacles GEG. De différentes sources, l’on parle d’un investissement de plus de 500 millions de dollars US, ce qui ferait de cette transaction, la plus importante de l’histoire du hockey.

Le début de ce chapitre remonte au mois de novembre 2008, alors que Jim Balsillie avait accordé une entrevue à deux journalistes la rubrique “Affaires” de La Presse, leur annonçant presque de manière anodine, au moment de les quitter, que le Canadien de Montréal était à vendre. Stupeur de la part des deux journalistes, la nouvelle provoqua un quasi-tremblement de terre dans les médias du Québec.
Bien que la nouvelle fût vite démentie, que Jim Balsillie revint plutôt maladroitement sur ses paroles, il ne faisait plus vraiment de doutes qu’il se passait quelque chose au sein de la haute administration du Canadien.
Un partenariat plutôt qu’une vente
Néanmoins, il a fallu attendre plusieurs mois avant que d’autres développements surviennent dans cette affaire. C’est alors que George Gillett confia aux médias qu’il souhaitait trouver un partenaire d’affaire, pour s’associer avec lui, dans la prestigieuse concession de la Ligue Nationale de Hockey.
George Gillett n’a jamais voulu se départir du Canadien de Montréal, un club qu’il affectionne particulièrement et qui a toujours été pour lui une grande fierté. Néanmoins, ses très nombreux prêts bancaires, ses investissements multiples dans le domaine sportif et en particulier l’achat, avec Tom Hickx, du club de soccer de Liverpool, a rendu la situation financière de la famille Gillett particulièrement précaire, l’obligeant à trouver rapidement des liquidités.
Devant l’impossibilité de trouver des partenaires d’affaire, George Gillett fût donc contraint à céder le contrôle de l’équipe montréalaise.
Le 10 juin, date du dépôt des offres d’achat, plusieurs groupes étaient en compétition. Le groupe Québécor d’un côté, associé avec la FTQ et René Angélil, d’un autre côté la famille Bronfman, sans oublier bien-sûr, la famille Molson qui a démontré un intérêt tardif pour le rachat du club, forçant le groupe piloté par Serge Savard à se mettre sur les lignes de côté afin de ne pas leur nuire.
On a appris aujourd’hui que la FTQ était également associé à la famille Molson et l’on suppose que le groupe BCE n’était pas très loin, histoire de défendre leurs intérêts face au compétiteur Québécor. Par contre, nous avons aussi appris que le groupe Thomson Reuters, appartenant au Canadien le plus riche du pays, avec une fortune évaluée à 13 milliards de dollars US, était également associé aux Molson !
Une bataille de deux géants des communications
Car en filigrane de cette vente, se dessinait également une bataille de deux entreprises de communication et de médias : Québécor et sa kyrielle de supports (TVA, Journal de Montréal, Vidéotron…) et en face, le groupe BCE (Bell Canada). Pierre-Karl Péladeau n’avait d’ailleurs pas caché qu’il souhaitait transformer la stratégie médias du club de hockey Canadien, un peu à la façon des Maple-Leafs.
Même si certaines innovations pouvaient être intéressantes, comme celle de créer une “Habs TV” sur le modèle de “Leafs TV”, d’autres faisaient frémir rien que d’y penser : convergence tout-azimuth, produits Québécor inclus dans le marketing du club… Bien que cela reste de la pure spéculation, voir un membre de Star-Académie descendre sur la patinoire afin de chanter les hymnes nationaux, n’aurait jeté personne en bas de sa chaise avec un propriétaire tel que PKP !
La notoriété, le prestige et l’histoire de ce club légendaire, devaient être à tous prix préservés et je ne suis pas certain que cela aurait été le cas avec Québécor dans l’édifice.
Depuis 1957, la famille Molson a remporté 11 coupes Stanley
Avec le retour de la famille Molson aux affaires, je pense que l’on puisse être rassurés. D’abord parce que Molson connaît le hockey et connaît très bien le Canadien, ensuite parce qu’il s’agit d’une famille québécoise depuis plus de deux siècles et qu’enfin, avec cette famille aux commandes, le club a déjà remporté une dizaine de coupes Stanley !
La question maintenant est de savoir quelle direction prendra le club. Peut-on réellement parler de stabilité ? Doit-on s’attendre à une nouvelle philosophie d’équipe ? Qu’en est-il de l’identité plus québécoise du club, appelé de leurs vœux par les partisans et les analystes sportifs ?
Il est encore trop tôt pour répondre à ces questions. Mais la période de transition qui commence, va certainement nous apporter quelques réponses. Ainsi, je ne pense pas que l’actuelle direction puisse prendre des décisions majeures, sans en parler avec les futurs propriétaires.
Par contre, ne vous attendez pas non plus à de grands bouleversements au sein de la direction pour le moment. D’abord parce qu’il s’agit juste d’un “accord de principe” et que la vente n’est donc pas encore effective et ensuite, parce qu’on imagine mal un bateau sans capitaine, alors que le repêchage aura lieu la semaine prochaine et que le 1er juillet, date à laquelle on pourra aller chercher des joueurs autonomes, arrive très rapidement.
Les prochaines semaines s’annoncent donc particulièrement excitantes, même si George Gillett a prévenu que cela prendra de longues semaines avant que la vente soit officiellement conclue. Il faudra d’ailleurs que la vente soit validée lors de la réunion des gouverneurs de la LNH, qui aura lieue au même moment que le repêchage 2009, mais vu les réactions, il est clair que George Gillett aura les appuis suffisant pour aller de l’avant.