L’écrivain russe et prix Nobel de littérature, Alexandre Soljenitsyne, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche, à Moscou. La maladie, mais également l’âge (il avait 89 ans), ont eu raison de cette icône de la résistance et de la dissidence.
Car c’est un véritable symbole qui vient de disparaître. Un symbole de courage et de détermination, un symbole très fort au sein de ma famille de pensée, nous, les « anti-communistes primaires ». Nous, qui étions parfois ridiculisés avant la chute du mur de Berlin, car notre lutte contre le « communisme et le socialisme triomphant », allait « à l’encontre de la roue de l’Histoire ». Je n’invente rien, même si certains ont la mémoire parfois dramatiquement « sélective » !
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Alexandre Soljenitsyne, lui, en plein règne de Staline, n’hésite pas à dénoncer la souffrance qu’impose le régime aux Russes. Cela lui vaudra une condamnation pour traîtrise et sera envoyé dans un « Goulag » durant huit ans, avant d’être contraint à l’exil au Kazakhstan. Malgré une courte « réhabilitation », l’auteur est interdit de publication dans son pays et doit contourner la censure pour faire paraître ses livres en Occident. Malgré tout, il refuse de quitter l’Union soviétique, ce considérant comme beaucoup plus utile dans des murs, qu’à l’extérieur.
En 1970, il reçoit le prix Nobel de littérature qu’il ne pourra recevoir que quatre ans plus tard. À l’époque, les « progressistes » de tous poils, comparent ses écrits à de l’affabulation, en bons négationnistes qu’ils étaient.
C’est en 1973 que paraît en langue russe, à Paris, l’une de ses œuvres majeures, « L’archipel du Goulag », dans laquelle il décrit de l’intérieur, les camps de concentration du régime communiste. Ce manuscrit, écrit entre 1958 et 1967, alors qu’il était surveillé par le KGB, qu’une partie de ses archives avait été confisquée, est tout un symbole à lui seul.
L’histoire du manuscrit de « L’archipel du Goulag » est digne d’un roman d’espionnage. Durant sa rédaction, il écrivait sur de petits morceaux de papier qu’il dissimulait chez des amis, tandis qu’il était parvenu à envoyer une copie en Occident. Malheureusement, une des personnes qui cachait le manuscrit est passé aux aveux, torturée par le KGB et fût contrainte de se pendre, ce qui décida Soljenitsyne à publier son livre.
En 1974, le pouvoir communiste expulse l’écrivain et lui retire sa citoyenneté soviétique. Après la Suisse et les États-Unis, Alexandre Soljenitsyne poursuit sa lutte contre le communisme, mais n’est également pas toujours tendre avec les travers de l’Occident. Il dénonce ainsi la perte des valeurs et la société très matérialiste qui est en train de se construire au mépris des repères fondamentaux.
(…) la médiocrité triomphe sous le masque des limitations démocratiques.(…) Il est aisé en tout lieu de saper le pouvoir administratif, et il a en fait été considérablement amoindri dans tous les pays occidentaux. La défense des droits individuels a pris de telles proportions que la société en tant que telle est désormais sans défense contre les initiatives de quelques-uns. Il est temps, à l’Ouest, de défendre non pas tant les droits de l’homme que ses devoirs.
Ce n’est qu’en 1993 que Soljenitsyne peut retourner dans son pays natal et reprendre sa citoyenneté russe. À partir de 1998, il se fît un peu plus rare sur la scène médiatique, alors que la maladie commençait déjà à le rattraper.
Alexandre Soljenitsyne devra rester un exemple pour nous tous. Un exemple de détermination et d’abnégation.
One Comment
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cool, mercç à toi pour les pics :)