Comme je vous le disais plus tôt, le Hezbollah change de méthode depuis quelques mois. Le mouvement islamo-fasciste met de côté sa haine trop visible contre les démocraties de l’Occident, et lance une campagne dans le but de mobiliser l’opinion de chez nous contre ses ennemis de l’intérieur (du Liban) et de l’extérieur immédiat (Israël). Voici un autre exemple paru dans le quotidien La Presse :
Il est clair que le Hezbollah a gagné la guerre de la propagande mais par des moyens plus que douteux. Pour se rendre dans les endroits bombardés, pour entrer dans les écoles et les mosquées où sont regroupés les réfugiés des régions chiites, les journalistes doivent avoir l’autorisation du Hezbollah, dont les patrouilleurs ont tôt fait de dépister les reporters étrangers.
Non seulement faut-il montrer patte blanche, le temps passé sur les lieux est strictement limité, ce qui empêche toute enquête poussée. Les témoignages des civils sont écoutés par les hommes du Hezbollah, et ceux qui sont contre la milice ont intérêt à se taire. Mark McKinnon, Globe and Mail, a décrit ces tactiques d’intimidation. Nic Robertson, l’un des correspondants de CNN au Liban, a avoué que l’un de ses reportages avait été orchestré par le Hezbollah du début à la fin : on lui disait exactement quoi filmer. Après avoir décrit une milice du Hezbollah en train de lancer des missiles, un collaborateur du Time, Christopher Allbritton, a dit ne pas vouloir élaborer sur la question, « parce que le Parti de Dieu a des copies des passeports des journalistes, il a harcelé plusieurs d’entre nous, et carrément menacé l’un nous ». Selon Elisabeth Palmer, de CBS, « le Hezbollah est déterminé à ce que les étrangers ne voient que ce qu’il veut montrer ». Rien d’étonnant, donc, à ce que les correspondants étrangers ne voient jamais d’armements dans les décombres. Cette image tronquée de la réalité accrédite l’idée qu’Israël bombarde au hasard, sans égard pour les populations civiles.
Lysiane Gagnon,
La Presse, Montréal, le 5 août 2006