Cela faisait déjà plusieurs années que la rumeur courrait. Dave Gahan, le chanteur du groupe britannique Depeche Mode, souhaitait ardemment nous faire connaître ses propres compositions. Avec son premier album solo Paper Monsters, c’est maintenant chose faite.
On aurait tort de sous-estimer ou même de prendre à la légère ce premier disque très personnel de Dave Gahan. Loin d’être un caprice de star, c’est un disque qui en séduira plus d’un et pas seulement les admirateurs du groupe Depeche Mode. Aidé à la production par Ken Thomas (Sigur Ros) et par les guitares enchanteresses de Knox Chandler (Siouxsie & The Banshees), Dave Gahan brille par sa voix puissante et ténébreuse.
Évidemment, à l’écoute de ce disque, on cherche sans forcément le vouloir, des similitudes avec son groupe d’origine et l’on en trouve ! Il est clair qu’un groupe dans lequel il chante depuis le tout début des années 80, a profondément marqué son existence et son inspiration. Ainsi, j’ai retrouvé l’atmosphère musicale de l’album Songs of Faith and Devotion, jusque dans les rythmes de Bottle Living qui ressemblent à s’y méprendre à ceux d’I Feel You. Peu importe, la musique et bonne !
Album très intimiste donc, où le chanteur (et maintenant compositeur) fait le point sur son passé difficile, ses errances et ses expériences. Il revient, entre autres, sur les périodes de débauches qu’il a connues et sur ces « sols sales et collants » sur lequels il se réveillait assez fréquemment. Dirty Sticky Floors, le premier titre de Paper Monsters, donne le ton de la meilleure manière qui soit.
Cependant, Paper Monsters est loin d’être un disque sombre. Dave Gahan, après s’être sorti de justesse de ses excès au milieu des années 90, respire maintenant la sérénité et la maturité. Certains ont même prétendu qu’il n’avait jamais aussi bien chanté que sur l’album Exciter en 2001. Peut-être. Malgré tout, on retrouve quelques perfectibilités vocales dans sa première production personnelle. Sans doute le plaisir de chanter ses propres textes n’y est pas étranger.
Il est bien évident qu’à l’écoute de Paper Monsters, on regrette vraiment que Martin L. Gore, le compositeur et véritable meneur du groupe britannique, n’est pas laissé un peu plus d’espace et de liberté à Dave Gahan. D’ailleurs, a force de décrypter tout ce qui peut se dire depuis quelque temps, il est manifeste que le chanteur cache de moins en moins la frustration qu’il a de ne pas pouvoir chanter ses propres chansons, à l’intérieur de son groupe d’origine.
Cependant, Gore et Fletcher parlent déjà du prochain album du groupe qui sortirait dans le courant de l’année prochaine. Il n’y aurait donc pas de soucis à ce faire quant à la pérennité de la formation. D’ailleurs, pourrait-on imaginer Depeche Mode sans Dave Gahan ?
Paper Monsters, label Mute, Reprise Records (2003)